De plus en plus de parents prennent conscience de l’importance de remettre en question les méthodes traditionnelles d’éducation et se tournent vers une approche bienveillante.
Cependant, beaucoup se sentent démunis lorsqu’ils sont confrontés aux comportements de leurs enfants et ne voient que la punition comme solution pour gérer les situations quotidiennes.
Cependant, grâce aux progrès dans la compréhension du développement de l’enfant, nous savons maintenant que cette méthode d’éducation a un impact négatif sur leur développement.
Alors, comment éduquer sans recourir à la punition ? Quelles alternatives à la punition peut-on utiliser ? Comment passer d’une éducation stricte à une éducation positive ?
Qu’est-ce qu’une punition ?
La punition peut prendre différentes formes, comme priver l’enfant de jeu, de sortie ou même de nourriture (par exemple, lui dire qu’il n’aura pas de dessert !). Elle peut aussi être exprimée par une violence éducative, que ce soit sous forme de paroles humiliantes ou de violences physiques comme les fessées ou les gifles.
Dans tous les cas, la punition n’a aucun sens logique pour l’enfant, qui ne peut pas en comprendre le but. Elle permet simplement à l’adulte d’affirmer son autorité, sans réel objectif pédagogique. En contraignant un enfant à obéir à des règles arbitraires, on l’empêche de développer des compétences qui renforcent sa confiance en lui et son autonomie. Ce manque de bienveillance peut laisser des séquelles même à l’âge adulte.
Pourquoi les punitions sont néfastes pour nos enfants ?
En tant que parents et futurs-parents, nous partageons tous le même objectif : offrir à nos enfants une éducation qui favorise leur bonheur et développe des qualités telles que la confiance en soi, l’entraide, le respect, la coopération et l’autodiscipline. Cependant, il est important de comprendre que la punition n’est pas la meilleure approche pour atteindre ces objectifs. En effet, la punition crée une relation de domination entre l’enfant et ses parents, ce qui rend l’enfant dépendant de leur approbation et l’empêche de développer son propre sens de la discipline. De plus, des études en neurosciences ont démontré les effets négatifs de la punition sur l’estime de soi de l’enfant. Les punitions et les remarques humiliantes ne font que diminuer la valeur que l’enfant se porte à lui-même. En utilisant la punition comme méthode éducative, nous nourrissons également la colère et le ressentiment chez nos enfants, ce qui rend difficile leur coopération. Il est important de comprendre que l’enfant, lorsqu’il est élevé de manière bienveillante, est naturellement curieux et enthousiaste. Il se mobilise pour ce qui l’intéresse et ce qu’il considère juste. Dès son plus jeune âge, il exprime sa protestation lorsqu’il se sent contraint. Ayons confiance en nos enfants et entourons-les de bienveillance. Ils développeront progressivement leurs propres règles intérieures en nous observant agir. Il existe des alternatives concrètes à la punition pour éduquer nos enfants de manière efficace. Cependant, cela demande un travail d’introspection et un changement de regard sur l’enfant.
Prendre conscience de l’impact de notre passé
Nos pensées et nos actions sont souvent influencées par notre culture, notre enfance et notre histoire familiale. Beaucoup d’entre nous ont été éduqués de manière stricte et autoritaire par nos parents, qui ont eux-mêmes reçu une éducation sévère de leurs propres parents, et ainsi de suite. En conséquence, nous réagissons tous différemment face aux comportements de nos enfants, certains étant plus en colère, d’autres plus sensibles ou stressés, par exemple. Ces réactions sont souvent automatiques et incontrôlées, ce qui peut faire culpabiliser les parents qui les ressentent. Même s’ils sont convaincus des bienfaits d’une éducation positive et bienveillante, ils ont du mal à la mettre en pratique sans comprendre les raisons de leurs blocages. Une solution pour se détacher de notre passé personnel est de se reconnecter à l’enfant que nous étions : comment nous sommes-nous sentis lorsque nous avons été punis ou lorsque nous avons reçu des remarques blessantes ?
Remplacer la punition
Dans l’éducation non punitive, il est important de comprendre que ne pas punir les enfants ne signifie pas être laxiste ou permissif. Au contraire, il s’agit d’adopter une approche bienveillante où l’éducateur accompagne l’enfant pour l’aider à améliorer son comportement, plutôt que d’imposer des règles de manière autoritaire.
Nourrir la relation parent/enfant
Un des besoins essentiels de l’enfant est de se sentir aimé, respecté et en sécurité. La relation parent-enfant joue un rôle crucial dans la construction de l’estime de soi de l’enfant. Lorsque cette relation est basée sur la bienveillance et le respect, l’enfant est davantage enclin à coopérer.
Il est important d’accueillir les émotions de nos enfants avec bienveillance. Il est également crucial de faire preuve de bienveillance envers nous-mêmes, en écoutant nos propres émotions et en les exprimant. Je vous invite à lire mon article sur l’éducation à travers les émotions pour en savoir plus à ce sujet.
Un comportement inapproprié de l’enfant, comme les cris, les pleurs ou les coups, est souvent le signe d’un besoin non satisfait. Au lieu de réprimander et de se mettre en colère, nous pouvons :
– Créer une connexion pour comprendre l’état émotionnel de l’enfant. Cela permet de désamorcer de nombreux conflits, car se sentir compris crée un climat de confiance.
– Utiliser les câlins : prendre son enfant dans ses bras déclenche la production d’ocytocine, l’hormone du bonheur, ce qui peut apaiser les pleurs et les colères.
– Écouter les besoins de l’enfant : peut-être que sa réaction émotionnelle est le résultat d’un besoin non comblé.
Il est également important de partager nos propres ressentis avec l’enfant. Par exemple, nous pouvons dire : « Je me sens fâché et triste lorsque je dois répéter plusieurs fois la même consigne. » En exprimant clairement nos émotions sans reproche ni jugement, nous encourageons l’empathie chez l’enfant, sans le faire se sentir coupable.
Les conséquences
Il est essentiel pour les enfants de prendre conscience des conséquences de leurs actes afin de favoriser leur autodiscipline, développer leur autonomie et construire leur estime de soi. Contrairement à la punition, qui n’a aucune valeur pédagogique, la conséquence est directement liée au comportement de l’enfant et lui permet de comprendre ce qui se passe lorsqu’il agit d’une certaine manière.
Les conséquences naturelles
Supposons que votre enfant refuse de mettre son manteau avant de sortir alors qu’il fait froid dehors. Au lieu de l’obliger à le mettre et de provoquer un conflit, prenez simplement le manteau avec vous et laissez-le faire l’expérience par lui-même. Il se rendra compte de son propre chef qu’il a besoin de son manteau et intégrera ainsi la conséquence naturelle de son action.
Les conséquences naturelles ne nécessitent pas votre intervention. Accompagnez votre enfant avec bienveillance et empathie, sans ajouter de remarques du genre « Je te l’avais dit ! » qui enlèverait tout le bénéfice de cet apprentissage.
Les conséquences logiques
Lorsque vos enfants se disputent à cause d’un jouet, il est important d’intervenir. Prenez le petit dans vos bras et réconfortez-le, tout en aidant le plus grand à prendre conscience de la conséquence de ses actions. Montrez-lui que son frère ne voulait pas lui faire mal. En montrant l’exemple, le plus grand développera de l’empathie envers son petit frère et sera encouragé à demander pardon. Ensuite, discutez avec lui pour trouver une solution afin de réparer les erreurs commises. Comme le disait Maria Montessori, les enfants ont le pouvoir de se construire eux-mêmes.
Rechercher des solutions
Une fois que l’enfant prend conscience des conséquences de ses actions, il est important de l’encourager à trouver des solutions pour réparer les erreurs commises ou pour éviter qu’elles se reproduisent à l’avenir.
Bien que nous puissions lui suggérer des idées, il est essentiel que la solution vienne de l’enfant lui-même.
Pour cela, nous pouvons lui poser des questions telles que : « Comment pouvons-nous procéder maintenant ? », « Que pourrais-tu faire à l’avenir ? »
La recherche de solutions permet de responsabiliser et de valoriser l’enfant, en favorisant son indépendance.
L’éducation bienveillante
En adoptant une approche bienveillante, nous pouvons avoir un impact positif et durable sur le comportement de nos enfants. Il ne s’agit pas de laxisme, mais plutôt d’utiliser une méthode éducative basée sur une autorité positive et une communication bienveillante, favorisant ainsi la coopération et le respect mutuel.
Poser un cadre
L’enfant a besoin de directives précises et d’un environnement sûr pour favoriser son développement et renforcer sa confiance en lui.
Impliquer l’enfant
Il est essentiel d’impliquer l’enfant autant que possible pour qu’il accepte et respecte les règles établies. Il est important d’expliquer pourquoi ces limites sont mises en place et leur importance. En impliquant l’enfant, il se sentira plus compétent, responsable et aura davantage envie de coopérer. Il est aussi important de noter que les limites ne sont pas les mêmes pour les jeunes enfants que pour les adolescents. Cependant, même un enfant de 3-4 ans peut être impliqué dans la recherche de solutions.
Cohérence
Lorsque vous fixez une limite, assurez-vous de prendre le temps de réfléchir à sa pertinence et à son importance, en vous assurant que les deux parents sont d’accord. Cela permettra à l’enfant de comprendre le sens et l’importance de cette règle.
Constance
Il est important d’appliquer les règles de manière constante, indépendamment de notre humeur. Comme l’a dit Isabelle Filliozat, lorsque nous établissons une règle, tout le monde a envie de la respecter, mais si nous établissons un interdit, tout le monde a envie de le transgresser.
La communication non violente
Pour instaurer une atmosphère familiale harmonieuse, il est essentiel de communiquer de manière bienveillante. La communication non-violente (CNV) est un élément clé de l’éducation bienveillante.
Elle se compose de 4 étapes :
1. Observation : Observer sans juger ni évaluer. Décrire simplement ce que l’on voit, par exemple : « Je remarque beaucoup de jouets sur le sol du salon ».
2. Identification : Identifier nos émotions et les nommer.
3. Formulation : Exprimer nos besoins, par exemple : « J’ai besoin que le salon soit rangé ».
4. Demande : Se connecter avec notre enfant en lui posant une question. Cela favorise un dialogue bienveillant, par exemple : « Qu’en penses-tu, est-ce que nous pouvons commencer par ranger les cubes ? ».
Il est important de noter que la demande doit être réalisable, positive, concrète, impliquer la personne et permettre le choix.
Il ne s’agit pas de devenir des parents parfaits ni d’attendre que nos enfants soient sages et obéissants en toutes circonstances. Remplacer la punition permet de créer un environnement bienveillant, propice au respect et à la bienveillance mutuelle. En abandonnant une éducation rigide et en utilisant des outils concrets de l’éducation positive, nous avons la possibilité de construire une vie de famille épanouie et d’élever des enfants heureux.